En tant qu’entraîneur diplômé, j’ai accès à un site de la FFTA destiné aux entraîneurs.

Je souhaite vous faire part de mes trouvailles, elles pourront vous aider à progresser.

Paul.

L’engagement

Sources : Les clés de la progression – FFTA / Guide de l’entrainement mental – Armelle Favre, psychologue du sport

On parle souvent d’engagement au tir à l’arc… mais qu’est-ce que c’est ?
L’engagement, dans le monde sportif, désigne la motivation qu’une personne éprouve dans l’instant et qui enclenche l’acte.

On distingue trois aspects importants pour l’engagement :
– l’implication : le sportif va être entreprenant et être capable de prendre en main la situation.
– la responsabilité : en se mettant en action, le sportif accepte les conséquences de ce qu’il fait. C’est l’aspect émotionnel de l’engagement : la prise de risque. Il est possible ici que le sportif soit responsable de son destin mais aussi celui des autres ou de leurs ressentis (plus ou moins directement) : ses coéquipiers, son entraîneur, son cercle familial, ses sponsors, etc. Si ces interactions sont trop importantes pour le sportif, son engagement peut être perturbé.
– le rapport à l’avenir : le sportif doit trouver du sens à ce qu’il fait pour atteindre son/ses objectifs (personnels et sportifs).
La prise de décision et l’action sont les deux aspects visibles de l’engagement. Tout cela est raisonné, c’est-à-dire que le sportif, dans notre cas l’archer, s’appuie sur ses savoirs faire, ses idées et ses jugements pour enclencher son action.

 

Pourquoi parfois cela “bugue” ?

Bien souvent, l’archer s’appuie sur des paramètres irrationnels pour prendre la décision de tirer et/ou déclencher le tir. C’est ce qui entraîne des difficultés à se mettre en action correctement, de manière rationnelle.
Par exemple, pour déclencher le tir, l’archer s’appuie sur l’arrivée de la main au menton ou la vision de la couleur jaune pour déclencher la libération de la corde au lieu de prendre en compte son geste dans sa globalité, donc sans appliquer sa stratégie de tir dans son intégralité (ce sur quoi l’archer porte son attention pour le tir d’une flèche).  L’archer libère alors sa corde de manière anticipée ou dans le jargon du tir à l’arc, il « coupe » sa flèche !
– Ce phénomène peut se manifester lorsque l’archer modifie son geste. Dans ce cas, il est préconisé de réaliser des séances courtes et répétées afin de développer un nouveau système de raisonnement – logique – par rapport à la nouveauté.
– Ce phénomène peut également se manifester chez des archers aguerris. En effet, lorsqu’un archer maîtrise parfaitement son tir, on parle d’automatismes. Lorsque les automatismes sont trop machinaux, il peut arriver ce genre de décalage entre les pensées de l’archer et l’organisation réelle de son tir.
– Dans des situations à charge émotionnelle élevée, l’archer, quel que soit son niveau, peut avoir du mal à gérer ses pensées qui peuvent devenir irrationnelles. Une inadéquation entre les objectifs de l’archer et son niveau réel ou une anticipation du résultat favorisent ce phénomène.

Quelles solutions ?

L’entraineur doit alors réhabituer l’archer à se concentrer sur sa stratégie de tir et retrouver son système de raisonnement logique – réfléchi.

Lorsque les difficultés sont importantes et pesantes mentalement, il est conseillé de laisser l’archer prendre un peu de repos puis de l’éduquer à analyser ses erreurs de logique pour les dépasser en favorisant la confiance.
La notion de plaisir est évidemment nécessaire pour que l’archer reprenne confiance en lui. Éprouver du plaisir par la réalisation technique, en approfondissant sa compréhension de l’activité, de sa technique est un bon point de départ après une période de repos.

De plus, la compréhension va favoriser la maîtrise, elle-même essentielle à la confiance et au plaisir. Enfin, il est essentiel que l’archer comprenne et maîtrise sa technique de tir pour pouvoir l’appliquer en compétition.
L’entraineur peut aussi accompagner l’archer à se fixer des objectifs de maîtrise, de processus plutôt que sur des objectifs de performance. Par exemple, l’objectif sur la prochaine compétition pourrait être de tirer toutes ses flèches dans un timing de tir soutenu (environ 3 sec / 3 sec).
L’objectif de l’entraineur est donc d’accompagner l’archer à développer un mécanisme de pensée logique, rationnel et réfléchi sur ce qu’il fait techniquement, tactiquement et mentalement pour favoriser l’engagement dès le début de l’apprentissage. (plus d’infos en bas de page)
Vous trouverez ci-dessous quelques préconisations pour favoriser l’engagement dès le début de l’apprentissage.

Quelques situations pédagogiques

La stratégie de tir est un outil intéressant pour accompagner l’archer à réaliser un tir efficace et régulier. Elle est basée sur des représentations, des images ou des mots clés.
Exemples : « Ouverture + ancrage fort au visage + maintien » / « Ouverture des épaules à l’armement + image : libération franche et naturelle » / « Mettre de l’amplitude en orientant la rampe puis libérer en souplesse »

Lorsqu’un archer éprouve des difficultés à s’engager ou à utiliser son clicker de façon adéquate, voici quelques exercices pratiques :
– Tir avec deux clickers (uniquement à l’entrainement) : l’objectif est de favoriser l’augmentation de l’effort des muscles du dos malgré le passage du premier clicker. L’archer se détache du « le clicker passe, je lâche » et reprend conscience de ce qu’il doit faire pour relâcher la corde et à quel moment il doit le faire
– Tir en portant son attention sur un nouveau point attentionnel – par exemple, en collant un autocollant sur son arc : l’objectif est de décentrer l’attention de l’archer du clicker pour laisser faire le tir plus naturellement
– Tir les yeux fermés : cet exercice favorisant la proprioception permet à l’archer de se recentrer sur ses sensations, sa technique, sans anticiper l’arrivée du clicker ou le résultat
– Tirer en étant filmé : les feedbacks externes peuvent être un bon complément aux feedbacks intrinsèques de l’archer, ses sensations, pour se réapproprier son tir
– Mettre en place une séance basée sur la recherche de plaisir dans ce que l’on réalise. L’athlète définit ce qu’il aime bien faire, le mouvement idéal qui lui procure du plaisir (tout en restant efficace). Le but est d’avoir envie de réaliser le mouvement défini et d’approuver du plaisir à tirer pendant la séance. On se décentre du clic et des problèmes liés à la libération. C’est une aide pour reprendre confiance en soi. On part de ce que l’on aime faire.